mercredi 26 décembre 2012

La vérité sur l'Affaire Harry Québert-Joël Dicker

Les joies d'une polémique littéraire

Je ne sais pas avec La Vérité sur l'Affaire Harry Québert ce qui l'emporte entre l'imposture du roman ou sa lecture finalement assez agréable.

Une incontestable imposture

Joël Dicker, La vérité sur l'Affaire HArry Québert
Parce que l'imposture est incontestable. Ce roman en est un monument. Ses prix ne sont pas vraiment mérités, en tous les cas pas celui de l'Académie française. D'ailleurs, nos académiciens se sont incontestablement perdus en chemin pour avoir primé un roman aussi mal écrit. Il faut bien le dire, ça heurte un peu l'oreille quand même. L'histoire d'amour est décrite avec une mièvrerie assez rare, les dialogues sont creux et je pense que Joël Dicker aurait pu couper une centaine de pages dans la première partie. Il manque à ce pavé de belles phrases, des mots choisis et bien articulés, un peu d'allant dans les dialogues qui occupent la majeure partie de livre.

C'est d'abord une histoire d'amour. Mais la relation entre l'écrivain Québert (34 ans) et la jeune Nola (15 ans) peine à être crédible (n'est pas Nabokov qui veut). Il y manque probablement un petit quelque chose. Mais à la limite c'est plus un policier qu'un roman sentimental, puisque Nola disparaît en août 1675. Ce n'est que 33 ans plus tard que son corps est retrouvé. Québert est inculpé. C'est alors que son ancien élève, Marcus Goldman, revient à Aurora pour disculper son maître.

L'imposture est le sujet ET l'objet de ce roman

Presque tous les personnages sont des mystificateurs, faux romanciers, policiers menteurs et j'en passe. Tout le monde triche. Et ça, même mal écrit, j'aime bien. J'aime encore plus le livre dans le livre lui-même dans le roman. 

Dicker s'interroge sur l'écrivain version américaine : ce personnage médiatique, égocentrique qui veut le succès et l'argent. L'écrivain veut être star. Nous sommes très loin d'un Patrick Modiano ou d'un Jean Echenoz; et bien plus proches d'un Dan Brown finalement. Toutes les histoires de ce livre (celle de 1975 et celle de 2008) commencent avec le syndrome de la page blanche, maladie des écrivains, rempart au succès et à l'argent. Il faut dire que Dicker donne à la littérature une dimension essentiellement marketing, financière et sociale; ce qui explique sûrement le manque de beauté littéraire du livre.

On s'attache à cet ensemble étrange, imparfait et laborieux.

Les "31 conseils à l'écrivain" ne sont pas dénués de sens, finalement. Certains critiques ont crié au cliché, mais moi, j'adore l'idée du romancier tourmenté qui habite une belle maison en pierre sur les bords de l'Atlantique à la lisière d'une forêt...d'autant que la présence de la maison, de la forêt et de l'Océan est loin d'être anecdotique dans l'intrigue.

On ne peut qu'admirer l'ingénieuse et originale construction du récit avec des têtes de chapitres à rebours, des flash-back divers et variés. Dicker met le temps dans un shaker et le mélange énergiquement. Rien n'est linéaire, et l'histoire est bien bouclée. Même si les personnages manquent de fond, la trame est remarquablement articulée; moi il ne m'est pas tombé des mains et honnêtement j'avais envie de le finir et de connaître la fin.

Finalement La vérité sur l'affaire...est une belle partition jouée par un instrumentiste médiocre. Joël Dicker étant à la fois l'une et l'autre, compositeur génial et piètre musicien, et vu son très jeune âge, je suis bien obligée de reconnaître qu'il a réussi un vrai tour de force. Je dirais que l'imposture de ce succès pas forcément mérité répond au thème général du livre...alors, pourquoi pas, après tout? 

Chacun jugera si le fond l'emporte (ou pas) sur la forme...

Joël Dicker, La Vérité sur l'Affaire Harry Québert, 
Editions de Fallois, l'Age d'Homme, 2012, 665 p.

vendredi 21 décembre 2012

Quand Anne se prend pour Martine...

J'ai découvert Anne Wiazemsky pendant mon adolescence ; entre elle et moi, ce fut évident. De très jeunes filles étaient souvent l'héroïnes de ses romans, et l'identification était facile.

Anne Wiazemsky, Une Année studieuse, 
Gallimard, 2011, 262 p.
Inutile bien sûr de la présenter: fille d'un russe blanc Jean Wiazemsky et petite-fille du grand Mauriac, Anne Wiazemsky est quelqu'un qui compte dans la littérature française. Ainsi, depuis presque 20 ans, j'achète tous les deux ou trois ans, en édition brochée,  son dernier roman.
Les crus sont plus ou moins bons mais je suis  rarement déçue.

Sauf que depuis quelques années, Anne se prend pour Martine.

Il y a d'abord eu Mon enfant de Berlin qui racontait la période où elle fut conçue, une lecture pas désagréable surtout qu'elle excelle à brosser le personnage de la mère. Il y eut ensuite Jeune fille qui racontait ses premiers pas dans le cinéma à l'âge de 16 ans. Bon d'accord ...mais honnêtement j'aimais bien ses romans...un peu moins ses journaux intimes.

Et cette année, nous avons eu le droit à Une année studieuse qui raconte son mariage avec Godard à l'aube de mai 1968 qu'elle n'évoque pas, préférant narrer la terrible angine qui lui tomba dessus en plein festival d'Avignon. D'autant qu'issue d'un milieu intellectuellement et économiquement très privilégié, on peine à s'attacher à cette jeune femme un peu capricieuse qui s'écoute et se regarde beaucoup. Même si sa mère est égoïste, même si son grand-père est sévère et conservateur, on aurait aimé y voir autre chose, ne serait-ce que le frémissement de mai 68 (résumé par une bref passage de Daniel Cohn Bendit).

Je suppose que le prochain évoquera "Anne divorce", puis "Anne écrit", puis "Anne retombe amoureuse", "Anne continue le cinéma", "Anne fait du théâtre"...

J'aime assez la littérature dite intimiste...mais très franchement, je sature. J'aime les romans, les histoires qu'on invente, les personnages que l'on campe, qui évoluent au sein d'une trame créée par un romancier. Je commence à être un peu lassée de ces romans qui sont en réalité des récits centrés sur leur auteur un brin égocentrique.

Anne Wiazemsky devrait retourner à ce qu'elle sait si bien faire: écrire des romans dont elle n'est pas forcément la principale héroïne, même si on devine souvent les corrélations entre la narratrice et elle. Je me souviens de Canine, de la trilogie des russes blancs qui était splendide et que j'avais avalé de bonheur, de Mon beau navire (son premier roman) ou de Marimé qui se déroule dans ma chère Bretagne qu'elle décrit si bien.

Je n'en veux pas Anne Wiazemsky pour qui je conserve une grande tendresse de lectrice...je vais attendre patiemment qu'elle revienne aux mots qui m'ont enchantée il y a 15 ans...

lundi 17 décembre 2012

Mon enfant à rayures

J'ai un enfant à rayures.

Un enfant pas exactement comme les autres, mais pas fondamentalement différent non plus. Bref, j'ai un enfant sorcier dans un univers de moldus (certains me comprendront). Il n'existe pas dans notre monde d'école Poudlard, mais il faudra bien qu'elle infiltre ses rayures quelque part.

J'ai une enfant qui a appris à lire à 4 ans mais qui ne parvient pas à retenir ses tables et qui peine à écrire convenablement. J'ai une enfant qui chaque jour cherche sa place dans sa classe, avec ses amis, dans ses activités. Un enfant à rayures calcule mentalement à une vitesse prodigieuse, mais ne comprends pas le fonctionnement des autres enfants.

J'ai une enfant qui saute des classes mais qui est moins confiante, moins sûre d'elle que les autres.

Bref j'ai un enfante qui comprend tout différent, j'ai une enfant que certains adultes détestent et à qui une institutrice a trouvé tous les défauts du monde. Ma meilleure amie m'a demandé comment je trouvais le courage de la supporter.

 Je sais depuis les premières minutes que son histoire sera passionnante et compliquée. Mais j'ai déboursé 280€ pour savoir qu'elle avait des rayures (ah d'accord c'est pour ça !).

Je me bats tous les jours pour trouver une place juste, une attention mesurée. Pour ne pas en faire trop... ni trop peu. Moi qui déteste les livres autres que les romans, j'ai lu J.C Terrassier, A. Adda, J. Siaud-Fachin.  J'ai pris des notes, j'ai tenté de synthétiser, de comprendre, d'élaborer une stratégie. J'ai été sur des forums, dans des associations. Tous les 15 jours, je supporte les conseils d'un pédo-psy ou d'un psychologue spécialisé. J'ai été tour à tour taxée de mère trop sévère ("vous êtes très exigeante "), trop laxiste ("vous laissez passer trop de choses"), trop dépassée ("il faut vous reposer"), trop fusionnelle ("laissez vous respirer"), parfois même négligente ("il faut rassurer l'enfant angoissé", non ?! Sans blague !).

Bref, la mère d'un enfant à rayures est toujours une mauvaise mère. Je m'y suis faite!

Je ne suis pas la seule à me battre tout les jours pour que l'intelligence soit une chance et pas un handicape. Mais la masse des écueils qui m'attendent me décourage certains jours.

Aujourd'hui en est un puisque ce soir nous recevrons le bulletin scolaire qui j'attends avec plus d'appréhension que si elle était cancre.  Ce soir, j'en voudrai à l'Education Nationale dont je suis pourtant le produit le plus "normal". J'ignore encore à quelle variante aurais-je le droit entre "enfant perturbateur", "intelligente mais dispersée", "ne sait pas gérer son ennui", ou bien l'incontournable "immature et insolente".

Aujourd'hui, plus que les autres, les cases, les catégories, les petites étiquettes m'exaspèrent. Un enfant reste un enfant, et le rôle des adultes est de l'accepter tel qu'il est. J'en ai assez d'entendre qu'il n'y a pas de solution pour des enfants comme elle.

C'est bien plus facile d'en parler sur la blogosphère, parce que l'anonymat (relatif) de la toile, protège les rayures. Dans la vie normale, je ne peux pas faillir, je ne peux pas me plaindre. 

Voilà, c'est dit ça va mieux. C'était juste pour vider mon sac...comme ça en passant.

Je crée donc un nouveau libellé "rayures" parce que j'adore les rayures, parce que ça parlera aux parents concernés et surtout parce que toutes les autres appellations barbares et "siglesques" ne sont pas très poétiques.

Je ne sais pas comment de temps va-t-elle pouvoir rester dans le système "normal", mais en attendant j'ai décidé qu'une belle vie l'attendait ...malgré tout

P.S: Sans doute n'aurais-je jamais fait ce billet si je n'avais pas échangé, avec Mme Zèbre à pois, des mails sincères et amicaux. Je la remercie de sa franchise et de ses mots.

jeudi 13 décembre 2012

La naissance du jour

Le titre est tellement beau que je n'en trouverai pas de meilleur pour ce billet. Donc je m'incline!

Pour une raison que j'ignore encore, je me suis dit: "tiens, moi aussi je vais m'inscrire à un challenge littéraire" (un peu comme si j'avais le temps ; ceci-dit, je n'avais qu'à m'abstenir de bloguer si je manquais de temps, c'est une question de priorités, n'est-ce-pas? ). Je voulais un challenge qui relève de l'aventure personnelle (littéraire j'entends; vu que j'ai peur en avion, c'est la seule aventure que je me permets!).

J'ai donc choisi le challenge Colette, niveau Bel Gazou.

Je ne connais de Colette que ce qu'en disent les amies féministes de ma mère et par les allusions faites régulièrement par l'inquiétante et troublante Mme de Fontenay, philosophe des animaux sur France Inter le dimanche après-midi. De Colette, à part le Blé en Herbe, je ne savais rien hormis ce que tout le monde croit en savoir.

J'ai donc pris, totalement au hasard, le seul qui était disponible dans ma librairie fétiche. Le titre m'a tellement plu que je n'ai pas hésité. Et je dois dire que je n'ai pas été déçue. Sauf que je ne pense pas que La naissance du jour soit un roman, c'est  un récit.

Colette, La Naissance du Jour, G.F. 1984, 191p.
1ère édition: 1928
En 1928, Colette n'est plus une jeune fille (la jeunesse s'éteignait alors plus tôt). Elle passe son mois d'août dans sa maison dans le massif des Maures (Saint-Tropez), à la fois Provence et Côte d'Azur. Je connais un peu cette région, mais elle en parle avec le gout de l'entre-deux guerres, avant que ce soit vulgaire, quand la campagne était encore belle et le bord de mer poétique. Forcément, en bonne azuréenne d'adoption, j'ai été touchée par sa description d'un paysage qui n'existe plus. Elle raconte aussi l'aube du petit matin en évoquant sa mère qui s'était fait une sagesse de se lever avant le jour. Depuis que j'ai des enfants, c'est aussi l'heure que je préfère parce que c'est le moment de tous les silences et tous les possibles.

Mais La Naissance du jour, ce n'est pas seulement cela, c'est aussi le crépuscule d'une vie, ou plutôt d'une manière de vivre. Colette dans ce livre s'interroge sur les animaux, sur ce qu'ils lui inspirent, sur son goût pour la viande et son empathie pour les être vivants.

 Colette raconte aussi (et surtout) sa petite communauté parisienne en villégiature qu'elle retrouve dans le Var et qu'elle observe avec une distance sereine. Autour d'elle, gravitent Hélène Clément qui aime Vial qui aime Colette de 15 ans son aînée (au moins!). Mais la romancière semble avoir renoncé à la passion. Spectatrice de son environnement, elle donne à ce livre une tonalité bien particulière: celle d'un doux désespoir  C'est le chemin de Colette vers une solitude assumée au dessus de laquelle plane l'ombre de sa mère.


J'ai aimé cette écrivain qui se met à distance en se mettant en scène. Elle évoque par touche son oeuvre (que je connais peu -voire pas-), sa vie, ses choix. Je ne pense pas que j'aurais du commencer par celui-ci. Certaines choses m'échappent indubitablement.  Mais, moi qui suis fascinée par les livres qui parlent des livres (même de celui qu'elle peine à écrire), ça m'a enchantée.


C'est une lecture à contretemps. Lire le mois d'août alors que je prépare Noël, entendre les bruits de la campagne aride quand les pompiers passent sous ma fenêtre, deviner l'oisiveté paisible quand je tarde à finir mon dossier dans les temps...c'est un voyage dépaysant.

Pour être tout à fait honnête, je m'interroge encore sur les challenges, si j'y ai ma place. Je me demande même si j'ai respecté toutes les règles. 

Mais sans ce challenge, je n'aurais pas découvert Colette. Sans lui, je n'irais pas cet après-midi en chercher un autre...et franchement ce serait dommage, parce que Colette gagne a être  lue.

 Laisser tomber, le temps d'un livre, la frénésie de la rentrée littéraire, c'est une parenthèse réjouissante.

mardi 11 décembre 2012

Engloutie par le temps...

Pas le temps, le temps de rien.

Rien à voir avec ce que je voulais écrire ni ce que je voulais faire de ce blog. Décidément je ne suis plus  à une incohérences près. Mais j'en ai gros sur le coeur: je n'ai toujours pas terminé La naissance du jour, je n'ai réfléchi à aucun cadeau de Noël, ni préparé les paquets de naissance de mes chères amies qui viennent d'accoucher.

Je réponds en retard à mes mails, j'ai oublié un rendez-vous chez le phlébologue (plus glamour tu meurs), mon repassage attend pitoyablement dans sa caisse, je ne peux pas étendre une machine parce qu'il fait trop humide, j'ai gavé les enfants de vitamines parce qu'il y a une épidémie de gastro à l'école (mais j'ai oublié de leur mettre la lotion anti-poux), je ne suis pas allée courir depuis une semaine, ma frange frise parce que j'ai raté mon brushing.

Bref, au lieu de faire des choses qui me plaisent, je m'épuise (oui je m'épuise) à finaliser le dossier de mes recherches pour qu'un jury de vieux messieurs  me donnent le sésame pour continuer à transcrire d'obscures textes anciens. Moi qui n'ai jamais su me vendre, je peine à préparer cet insondable dossier qui va sceller mon avenir professionnel. 

Alors qu'au fond, manquer de temps, c'est manquer d'organisation... et de certitudes. Je m'éparpille, je commence plusieurs choses à la fois et je n'en finis aucune. Au lieu de relire ma présentation, je fais un billet dessus.


Sans compter cette satanée fin du monde, dont j'essaie de me convaincre que c'est une imposture, mais qui m'inquiète quand même, faut bien l'avouer.  

Il faut se rendre à l'évidence, les galets prennent l'eau.

mardi 4 décembre 2012

Infiltration dans la blogosphère: 7 semaines

Bientôt 2 mois que j'ai ma vie parallèle sur la blogosphère.

Je tire donc mes premières conclusions (je ne garantis rien quant aux qualité et pertinence de ce billet)

1: Les blogs sont presque exclusivement tenus par des filles, femmes, mères. L'un dans l'autre, ça tombe bien, j'en suis une! Mais une question se pose néanmoins. Pourquoi? Davantage de temps que les hommes? Introspection permanente? Vide social sidéral ? En ce qui me concerne, bloguer me fait prendre l'air. J'erre, je ris, je me révolte...en fait je m'aère virtuellement entre le travail, les machines, les purées, le ménage, le rangement, la préparation de Noël, les sorties d'écoles, les activités des enfants!

2: Depuis que je blogue, je travaille plus lentement et je lis beaucoup moins. C'est un fait (et pas le meilleur). Le temps que je passe sur mon blog est assez restreint (2 billets par semaine ne prennent pas des nuits à écrire ...même pour moi). En revanche, le temps que je passe sur celui des autres est ahurissant. J'avais fermé mon compte Facebook, trop chronophage (et moyennement intéressant), pour finir dans les délais mon travail. Peine perdue! J'ai consacré des après-midi entières à déambuler de blogs en blogs. 

3: Aucune de mes amies réelles ne connait Sous les galets. Mais j'ai rencontré de nouvelles copines virtuelles avec lesquelles j'ai, ou pas, quelques points communs. On se découvre à chaque billet, on en apprend un peu plus, on correspond en off. Evidemment, je prends le risque d'en perdre à mesure que j'avance, que je montre mes failles (et mes vices). On craint toujours de blesser quelqu'un par un livre qu'on n'a pas aimé ou une blague mal venue...

4: Ce blog m'accompagne sur le chemin de la modernité. C'est un blog nourrisson qui manque encore de tout. Par exemple, j'aimerais répertorier les sites sur lesquels je perds mes précieuses minutes de travail, j'ai trouvé le gadget, mais à chaque fois, ma mise en page saute. Je dois donc encore, humblement, faire mon chemin vers la maîtrise de Blogger. J'ai déjà réussi à lister les livres que j'ai lus depuis 7 semaines, ce n'est pas si mal.

5 : Je suis devenue une grande "fauteuse" d'orthographe, je n'ai pas toujours le temps de me relire convenablement. Je suis omnibulée par les fautes que je laisse, je les traque mais il y en a toujours une qui m'échappe. C'est une honte mais c'est comme ça.

6: J'ai découvert les règles de la vie parallèle de la blogo. Il y a des challenge littéraires (je tente celui de Colette, on verra bien), des blogs qui notent les blogs des autres (des concours de blogs en somme), des jeux questions que les blogueuses se renvoient entre elles (que j'aime bien, ça révèle des aspects des blogueuses mystérieuses). Bref un monde à part, avec ses codes, ses lois, ses dominants...L'avantage c'est qu'on n'est pas obligée d'adhérer à tout, on peut rester une blogueuse solitaire (enfin pas trop quand même)

7: avoir son blog n'empêche pas de sous-mariner (il y a encore des blogs où je n'ose pas laisser de message). Avant d'avoir mon blog  à moi, j'avais mes petits chouchous, sur lesquels je me jetais fébrilement. Un sur deux a quitté brutalement la blogo (où s'est éteint doucement) quand j'ai créé Sous les galets. Je n'y vois aucune relation de causalité, mais ça m'a fichue un coup quand même. Etre blogueuse c'est voir l'envers des blogs. L'envers d'un blog, c'est sa blogueuse. Il y a des blogs sublimes tenus pas des blogueuses moyennement sympathiques. Inversement, il y a des blogueuses très populaires qui prennent le temps de répondre, alors que franchement, elles n'ont pas besoin d'un blog débutant dans leur liste de favoris...et pourtant, elles ne sont pas avares d'un mot gentil. Et puis, il y a les vipères de la blogo, vipères anonymes qui distillent petites phrases méchantes et leçons de moral sur les blogs des autres. Elles ne sont jamais venues jusqu'à chez moi, mais je les croise sur les blogs des autres. Comme dans la vie réelle finalement, il y a des gens plus ou moins sympathiques.


 8: Enfin, comme dans la vie réelle, je ne me suis toujours pas trouvé d'identité virtuelle. Qu'est ce que ce blog? Je ne lis pas assez vite pour faire un blog littéraire. Je ne suis pas assez douée de mes mains pour présenter des choses que j'aurais créées de mes 10 doigts, inutile donc espérer un blog déco-créa. Ce n'est pas le malheureux bonnet en crochet que je me suis épuisée à faire pendant 15 jours qui m'a décomplexée. Je suis quelqu'un trop incertain pour faire une blog d'humeur, mes convictions politiques et sociales sont fluctuantes, je suis influençable et je ne sais pas convaincre. Ce n'est pas non plus un journal intime, je ne suis pas assez constante pour ça et mon intimité a un intérêt tout relatif. Ce n'est pas un blog familial, j'en ai déjà un (prétentieuse que je suis, c'est le niveau zéro du blog, pas de texte, pas de mise en page). Il est destiné à la famille éloignée, j'y balance régulièrement des photos ensuite téléchargées et exposées dans le salon de mes beaux-parents.

Donc, je ne sais pas bien ce qu'est ce blog, mais il a quelques lectrices, je ne connais réellement aucune d'entr'elles, mais ça me suffit. C'était ce que j'étais venue chercher. 
Ma fenêtre à moi sur le monde.

lundi 3 décembre 2012

La Résistance en portraits...

Joseph Kessel, L'Armée des Ombres 
Pocket, 2012, 221 p.
(1ère édition: Plon, 1963)
Je suis fascinée depuis ma plus lointaine adolescence par la Résistance, par cette lutte en pleine illégalité où on remettait en cause la police, la justice et la loi. L'histoire est écrite par les vainqueurs, mais le Résistant de base en ignorait l'issue. Cette période m'inspire de l'effroi et de l'admiration. Je suis donc toujours très attirée par cette littérature.

Joseph Kessel a trouvé un titre magistral. L'Armée des ombres, c'est à la fois la lutte et l'anonymat dans lequel se dilue la propre identité des personnages. Plus qu'une histoire, l'auteur livre une galerie de portraits tragiques de résistants. On les découvre donc par le prisme du chef de réseau, un certain Gerbier, qui lui-même laisse à la guerre une partie de sa superbe et de son flegme. Quand on se souvient que Kessel a écrit les paroles du Chant des Partisans et que son personnage principal n'arrive pas à chanter la Marseillaise devant le peloton d'exécution, on devine le clin d'oeil qu'il fait à son lecteur.

Mais surtout, L'Armée des Ombres crée le fascinant personnage de Mathilde dont la résistance révèle la force et la caractère. Mathilde, mère de 6 enfants qu'elle ne parvient pas à nourrir, s'engage dans la lutte souterraine avec la rage du matriarcat. Mathilde, chef pragmatique, organisé qui maîtrise ses nerfs et ses hommes sans sensiblerie. Mais Mathilde reste une mère et Mathilde chute. Sa fin est tragique et splendide. Je rends d'ailleurs hommage au film qui sut faire de cette dernière image un moment fidèle aux dernières pages du livre. 

Kessel n'idéalise pas les patriotes, il lâche aussi le glauque, le peur, l'envie de sang. Il ne tait rien du nécessaire détachement, de la dureté obligatoire pour continuer de vivre malgré l'horreur, la banalisation du meurtre. On sacrifie des individus pour la cause. Nous qui sommes en paix depuis deux générations, comment comprendre qu'on laisse un enfant de 12 ans entendre les suppliciés de la Gestapo pour conserver un oeil chez l'ennemi?

L'Armée des Ombres est un beau roman mais surtout un document historique, la beauté du style et du mot en plus. Kessel l'a écrit en 1943 à Londres, la guerre n'était pas encore finie. Et comme il  le rappelle dans son avant-propos "Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France".


L'Armée des Ombres ne rassure certes pas sur la nature humaine, mais lire une valeur sûre de temps en temps, ça fait vraiment du bien. 

P.S: pardonnez-moi les fautes, je poste en urgence...(je passe à un autre livre et j'aime faire les billets à chaud!...et j'ai beaucoup de retard dans mon travail )


La fée carabine - Daniel Pennac

Je continue la saga Malaussène de Pennac avec le deuxième opus : La Fée Carabine Et mon enchantement ne faiblit pas. J'aime toujours au...